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Malgré les crises successives que nous avons traversées – pandémie de COVID, crise énergétique et guerre en Ukraine –, nos institutions du marché du travail ont réussi à préserver l’emploi et à protéger le pouvoir d’achat des Belges. Le taux d’emploi n’a jamais été aussi élevé, mais il reste encore très loin de l’objectif de 80 % fixé par le gouvernement fédéral à l’horizon 2030. Dans cette perspective, la Belgique devra faire face à deux problèmes majeurs : l’inactivité et les pénuries de main-d’œuvre. Comme le taux de chômage est historiquement bas, il faut cibler le taux d’activité. Davantage d’emplois pourraient et devraient être créés, mais de nombreuses entreprises éprouvent des difficultés pour recruter les profils adéquats. Des réformes en profondeur sont indispensables pour y remédier et répondre aux défis posés par les transitions technologique, énergétique et démographique.

Le marché du travail s’est bien redressé

En 2022, un nombre record de nouveaux emplois ont été créés pour la deuxième année consécutive. Le taux de chômage a presque renoué avec son niveau historiquement bas d’avant la crise. Ce redressement a concerné toutes les régions. Le taux d’emploi à Bruxelles a effectué un mouvement de rattrapage et est à présent aussi élevé que celui de la Wallonie, même s’il reste bien en dessous de celui de la Flandre.

Des secteurs tels que l’horeca, le commerce et l’industrie, qui ont été durement touchés par la pandémie, se sont rétablis intégralement. En dépit de la pandémie, ils ont affiché une croissance de l’emploi aussi forte qu’avant la crise. L’industrie a même à nouveau enregistré une légère création nette d’emplois. Après un ralentissement de courte durée fin 2022, on s’attend à ce que la création d’emplois suive à nouveau dans les prochaines années le même rythme qu’avant la pandémie. Le taux d’emploi devrait lui aussi continuer d’augmenter, mais il s’établirait juste au dessous des 75 % en 2028, bien loin de l’objectif de 80 % pour 2030.

Les défis restent énormes

La Belgique fait face à de graves pénuries de main-d’œuvre. Elle partage ce problème avec l’Autriche et les Pays-Bas, en tête du classement européen. Au fil du temps, ces difficultés se sont intensifiées dans les différentes régions de notre pays, et principalement en Flandre. La liste des métiers en pénurie est relativement diversifiée, mais trois secteurs notamment y sont surreprésentés : la construction, la santé et les technologies de l’information.

Quelles sont les causes de ces pénuries ? Le nombre de diplômés augmente en Belgique. C’est positif pour l’emploi. Mais le domaine d’étude est tout aussi déterminant et certaines filières n’attirent pas les étudiants. Nous aurions besoin de plus de diplômés techniques ou professionnels ainsi que de plus de diplômés du supérieur dans les sciences ou l’ingénierie. La formation continue tout au long de la carrière est un élément incontournable pour que les travailleurs s’adaptent aux évolutions des techniques et aux besoins de la société. Elle reste toutefois sous-utilisée et sous appréciée. Mais la qualification n’est pas la seule source de problème : les conditions de travail et l’attractivité financière de certains métiers peuvent décourager les candidats potentiels. Le secteur de la santé combine ces différents problèmes, sans compter qu’il subira davantage de départs à la pension à court terme.

Quelles solutions ?

Pour faire face à ces défis, il faudra augmenter la participation au marché du travail et s’attaquer aux pénuries de main-d’œuvre. Pour renforcer la participation, le Conseil recommande l’adoption de mesures permettant de rendre le travail plus attractif financièrement, de mieux concilier travail et famille et de diminuer le nombre de personnes en incapacité de travail. Afin de réduire les pénuries de main-d’œuvre, le Conseil préconise d’élargir le vivier de travailleurs disponibles grâce à la migration et à la mobilité économique. Dans une perspective d’avenir, les compétences des travailleurs devront être renforcées par la formation continue et par la promotion d’une attitude positive à l’égard de l’apprentissage tout au long de la vie.

Les réformes ne peuvent attendre. Une main-d’œuvre supplémentaire est cruciale pour une croissance durable, une société inclusive et le financement de la sécurité sociale. Tous les acteurs doivent se mobiliser en ce sens.