État des lieux du marché du travail en Belgique et dans les régions - Juin 2018
Alors que la reprise de l’activité est restée modérée, au cours des quatre dernières années, le nombre de personnes en emploi a augmenté de plus de 200 000 en Belgique. Mais bien davantage d’emplois auraient pu être créés. En avril dernier, Statistics Belgium évaluait à quelque 140 000 le nombre d’offres d’emploi restées insatisfaites. Les entreprises subissent de plus en plus des contraintes de production liées à des postes restés vacants faute de candidats ayant les compétences requises. C’est le potentiel de croissance de l’économie belge qui est amoindri par ces pénuries de main-d’œuvre. Les trois régions sont concernées, mais c’est en Flandre et à Bruxelles que les tensions sont plus marquées.
La participation à l'emploi des différents groupes de la population est très inégale. Ce n'est pas particulier à la Belgique, en revanche l'ampleur de certains écarts est nettement plus grande dans notre pays. Bien que leur taux d'emploi se soit régulièrement amélioré, les femmes et les personnes âgées de 55 ans et plus présentent encore un taux inférieur à la moyenne. Pour ce dernier groupe, on note toutefois un quasi doublement depuis le début des années 2000. Les jeunes, les ressortissants extra-européens et, de manière transversale, les personnes faiblement qualifiées ont au contraire vu leur position se dégrader ces dernières années.
Sur le plan géographique, la participation à l'emploi connaît aussi de sensibles différences. S'il s’élève à 73 % en Flandre, le taux d'emploi des 20-64 ans est de 63,2 % en Wallonie et de 60,8 % à Bruxelles.
Dans une perspective internationale, à 68,5%, le taux d'emploi en Belgique est faible, mais comme l’a montré le rapport 2017 du Conseil , la qualité de ces emplois se compare très favorablement à celle des pays les plus performants.
L’objectif de taux d’emploi de 73,2 % de la population âgée de 20 à 64 ans que s’est fixée la Belgique dans le cadre de la stratégie Europe 2020 est clairement hors de portée. Compte tenu des projections démographiques les plus récentes, ce n'est pas moins de 325 000 emplois qui devraient être créés d'ici 2020. C'est bien au-delà de ce que prévoient, à politique inchangée, la Banque nationale de Belgique (+ 97 000), mais aussi le Bureau fédéral du plan (+ 152 000).
Ces créations d’emploi bénéficient en premier rang aux demandeurs d’emploi, leur nombre a reculé de près de 100 000 depuis 2014 et devrait encore diminuer dans les années à venir. Le mouvement sera moins marqué du fait notamment de l’obligation de disponibilité imposée aux chômeurs avec complément d’entreprise (anciennement les prépensionnés) qui continuera à alimenter le nombre de demandeurs d’emploi. Ces mesures ont pour principal objectif d'augmenter l’intensité de recherche d’emploi.
Pour préserver notre modèle de protection sociale, fondé notamment sur une solidarité entre actifs et inactifs, une mobilisation plus large de la population s'impose en effet pour maintenir le niveau de richesse par habitant et pour appuyer les charges du vieillissement de la population sur un socle plus vaste. C’est à n’en pas douter un des principaux défis qu’a à relever la politique de l’emploi. Deux facteurs l’accentuent. Le premier est d’ordre quantitatif. Non seulement la participation au marché du travail est faible en Belgique, mais la proportion de personnes qui ne souhaitent ou qui ne peuvent pas participer au marché du travail est la plus élevée des pays de comparaison (38 %, contre une moyenne de 28 %). C’est aux conditions d’activation de cette fraction substantielle de la population qu’il faut désormais réfléchir. Le second facteur est principalement qualitatif, il s’agit de la révolution digitale. Elle peut dans une certaine mesure compenser la réduction de l’offre de main-d’œuvre par une automatisation accrue de certaines tâches, mais elle va surtout ajouter les compétences numériques à la liste de celles déjà exigées par les employeurs. Cela nécessite un effort rapide et important de formation de l’ensemble de la population car cette révolution concerne toutes les fonctions .
Sur la base de ces analyses, le Conseil a structuré ses recommandations autour de trois axes.
l’Activation et l’intégration des demandeurs d’emploi et des inactifs: L’activation doit s’entendre comme toute mesure qui vise à augmenter les incitants au travail, il ne s’agit pas uniquement de mesures administratives portant sur les critères de recherche d’emploi pour les chômeurs, mais aussi d’une manière générale des aspects financiers par une revalorisation du salaire poche sans relèvement du coût salarial et des aspects qualitatifs du travail visant à créer un cadre de flexibilité et de sécurité pour les travailleurs.
La formation pour tous et à tous les âges de la vie : Dans une économie de la connaissance, la formation est la condition essentielle pour s’intégrer durablement sur le marché du travail. L’éducation initiale est une clé d’accès à l’emploi, mais ce bagage initial doit être enrichi pour se maintenir au fait du développement des connaissances.
La mobilité géographique et professionnelle.
La formation est aussi un outil essentiel pour permettre la mobilité fonctionnelle et professionnelle, mais d’autres institutions du marché du travail peuvent affecter la mobilité. Sécuriser les trajectoires dans l’emploi implique non seulement de permettre de changer de métier mais également de faciliter les passages du statut de salarié à indépendant et inversement.
Le recensement des mesures qui ont fait suite aux recommandations du Conseil montre que ses analyses et ses propositions ont su à maintes reprises inspirer les autorités tant fédérales que régionales dans la définition de leurs orientations politiques en matière d’emploi.
Certaines recommandations formulées dans le rapport sortent du champ de la politique de l’emploi stricto sensu. Elles participent à la construction d’un cadre favorable au travail de nature à motiver la participation d’une frange plus large de la population et l’investissement dans la formation comme moteurs du développement économique.
Public cible : services d’études, responsables socio-économiques et politiques.
Rapport : 2018, 21 x 29,5 cm, 123 pages.
Cette publication est uniquement disponible en téléchargement.
- Le rapport de juin 2018 (PDF, 7,9 MB)
- La présentation du rapport de juin 2018 (PDF, 3,4 MB)